Monsieur Seguin s’ennuyait, depuis que Blanchette, sa bien-aimée chevrette, avait été dévorée par le Grand-Méchant-Loup, là-haut dans la montagne. Il avait bien essayé d’élever d’autres animaux. Des vaches : trop bêtes ! Des oies : trop emplumées ! Des chats : trop ronronnants ! Des poules : trop caquetantes ! Des éléphants : trop gros ! Des crocodiles : trop larmoyants ! Aucun animal ne pouvait remplacer Blanchette… Il devenait triste mais triste ! C’en était à pleurer ! Son vieux chien pleurait, sa vieille porte pleurait de tous ses gonds, son saule pleurait, et, quand il quittait ses lunettes, ses yeux pleuraient. Sans cesse, il pensait à Blanchette, digérée par ce monstre de loup inventé par cet autre monstre, ce Daudet Alphonse, dont personne n’a jamais osé montrer la responsabilité dans ce drame campagnard ! Alors que toutes ces larmes dégoulinaient de concert, le téléphone sonna. – Dring ! Dring ! Dring ! Et alors, papa, tu décroches ou je continue à sonner ? Ce n’était pas la première fois que le téléphone parlait, ainsi « papa » ne s’étonna-t-il pas. Il décrocha.
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