Cours familier de Littérature - Volume 20
Cours familier de Littérature - Volume 20
By Alphonse de Lamartine
22 Jan, 2021
J'entrai au collége des Pères de la foi en 1806; les Pères de la foi, pseudonyme des Jésuites, étaient la renaissance d'un ordre religieux, célèbre, qui n'avouait ni ses souvenirs, ni ses prétentions au monopole de l'enseignement de la jeu
... Read more
J'entrai au collége des Pères de la foi en 1806; les Pères de la foi, pseudonyme des Jésuites, étaient la renaissance d'un ordre religieux, célèbre, qui n'avouait ni ses souvenirs, ni ses prétentions au monopole de l'enseignement de la jeunesse. L'autorité absolue était leur principe, l'obéissance était leur loi; bien commander, bien obéir, étaient pour eux la société tout entière. C'est ainsi qu'ils comprenaient la politique. Ces principes, vrais quand on commande au nom de Dieu et quand on obéit par humilité volontaire, étaient admirables dans la famille, inapplicables dans la société politique. L'une est obligée de croire ce qu'on lui dit, l'autre est condamnée à examiner ce qu'elle croit. Bonnes ou mauvaises, ces doctrines qui renaissaient sous l'empire despotique de Bonaparte étaient infiniment propres à lui plaire. Aussi les Pères de la foi flattaient-ils l'empereur, et l'empereur favorisait-il les Pères de la foi; le cardinal Fesch, oncle de Bonaparte et archevêque de Lyon, était l'intermédiaire de cette faveur mutuelle; mais ce cardinal, homme de peu d'esprit et de beaucoup d'obstination, voyait dans les Pères de la foi des missionnaires du pape prêts à reconstituer la catholicité romaine avec son indépendance et sa suprématie. Bonaparte admettait bien le principe de la suprématie romaine, mais à condition que la suprématie impériale prévaudrait sur tout, et que la véritable église, absolue et universelle, ce serait lui et son empire. Less