Mille et un jours en prison à Berlin
by DOCTEUR HENRI BÉLANT 2020-07-24 06:21:42
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Présentation de l’éditeur : Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relue et corrigé. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique. Extrait : Ce jour-là, une atmosphère de religiosité envelop... Read more

Présentation de l’éditeur :

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relue et corrigé.

Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.

Extrait :

Ce jour-là, une atmosphère de religiosité enveloppait l’imposante chaîne de montagnes qui séparent l’Espagne de la France. Le Congrès Eucharistique, qui prenait fin, avait réuni, à Lourdes, un nombreux clergé et un peuple immense venus de tous les coins du monde. Tous — fidèles par centaines de mille : laïques, prêtres, prélats, évêques, princes de l’Église — avaient, la veille au soir, mêlé leurs voix dans les chants pieux de l’inoubliable et grandiose procession aux flambeaux en face de la Basilique, pendant que là-haut, au sommet du Pic du Gers, la croix flamboyante se détachait dans la nuit profonde. Cette croix de feu, au fond de la nue, semblait rappeler la parole angélique d’il y a deux mille ans : Pax hominibus bonae voluntatis.

C’était le 26 juillet 1914, un dimanche. Nous nous promenions, ma femme et moi, dans le parc d’un village pyrénéen. Le soleil dardait ses rayons chauds et vivifiants, incendiant toute la vallée du Gave. Soudain, un camelot s’approche de nous portant sous son bras un paquet de journaux. Le gamin criait à tue-tête : — « C’est la guerre ! C’est la guerre ! » Nous lui coupons la parole en posant cette question :

— « Quelle guerre ? »…

— « Mais la guerre entre l’Autriche et la Serbie, monsieur. Vous aurez tous les détails en achetant mon journal : la Liberté du Sud-Ouest. »

En effet, ce matin-là, toute la presse européenne publiait le texte de l’ultimatum, désormais fameux, que l’Autriche venait de lancer à la petite Serbie.

Le lendemain, dans le rapide qui nous ramenait de Bordeaux à Paris, nous trouvions, à chaque gare importante, les plus récentes éditions des quotidiens français où était commenté à profusion, avec passion et nervosité, le document diplomatique qui menaçait de troubler la paix de l’Europe. — On discutait fiévreusement dans le compartiment où nous étions : — « C’est bien encore et toujours la perfide Autriche ! »… D’autres ajoutaient : — « C’est encore plus l’ambitieuse et traîtresse Allemagne qui inspire l’Autriche ! »

Nous nous hâtions de retourner à Anvers, en ne faisant à Paris qu’une halte de quelques jours. Nous étions surpris de constater que dans cette tourmente diplomatique qui allait s’accentuant d’heure en heure, l’énorme capitale conservait un calme remarquable. On discutait bien dans les cafés, sur les grands boulevards, dans les omnibus, mais non pas avec cette agitation fébrile, cette verbosité, ce mélange de blague, d’enthousiasme, d’emballement et de contradiction que l’on a l’habitude d’observer chez un public parisien.

Lorsque, au débotter, j’essayai d’envoyer une dépêche en Belgique, on me répondit que les lignes télégraphiques étaient déjà entièrement et exclusivement à la disposition des autorités militaires, et que ma dépêche pourrait bien être retardée de vingt-quatre heures.

Le jour de mon départ de Paris pour Anvers, j’étais allé rendre visite à l’hon. M. Roy, à qui je posai la question — « Que pensez-vous de la situation diplomatique ? » L’éminent représentant du Canada me fit part de sa grande anxiété et de ses réelles appréhensions. Il me sembla plutôt pessimiste, redoutant une guerre entre l’Allemagne et la France.

Le 30 juillet, à midi, nous prenions, ma femme et moi, le rapide Paris-Amsterdam à destination d’Anvers, et nous traversions ce territoire de France et de Belgique qui à peine deux mois plus tard était le théâtre des horreurs de la guerre. Nous étions alors loin de penser que ces cités, véritables fourmilières industrielles, et ces campagnes couvertes à cette époque d’une moisson dorée invitant la faux du moissonneur seraient, avant quelques semaines, dévastées, saccagées, pillées et incendiées.

À Anvers, grande agitation. La garde civique a été appelée, et la rumeur circule, ce soir-là, 30 juillet, que l’Allemagne a des intentions sinistres, qu’elle se dispose à violer la neutralité de la Belgique. La seule mention d’un acte si contraire aux lois internationales soulève l’indignation de tous ceux que nous rencontrons. Nous traversons la ville et nous nous rendons à Capellen, village situé à six milles au nord de la ville d’Anvers, sur la grande chaussée Anvers-Rotterdam.

Le samedi, 1er août 1914, nous nous rendions d’Anvers à Bruxelles, puis à Ostende, où nous devions occuper une villa au bord de la mer, exactement à Middelkerke. Middelkerke est une place charmante qui vient justement d’être évacuée par les Allemands, et qui est située à mi-chemin entre Ostende et Nieuport. C’est des environs de Nieuport que partait la ligne de séparation entre les armées alliées et les armées teutonnes pendant les quatre années de la guerre.

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  • February 23, 2017
  • Français
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