Épopées africaines
by Albert Baratier
2020-05-14 06:05:07
... Il est incontestable que ces hommes, aussi bien en Mandehourie qu'en Crimée, ont eu un instant d'affolement. Mis brusquement en face les uns des autres, à bout portant, aucun d'eux n'a osé tirer h ; premier, appréhenda...
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... Il est incontestable que ces hommes, aussi bien en Mandehourie qu'en Crimée, ont eu un instant d'affolement. Mis brusquement en face les uns des autres, à bout portant, aucun d'eux n'a osé tirer h ; premier, appréhendant de déterminer par son geste celui de l'adversaire. Ils étaient si près que les balles ne devaient pas manquer leur but, du moins ils se le figuraient ; et pour se distraire de leur fusil, pour distraire l'ennemi du sien, pour occuper le temps, et se donner, en somme, la possibilité de reculer, ils se lançaient des pierres. A quelle cause attribuer cette défaillance d'hommes éminemment braves ? La réponse est facile, elle est contenue dans le récit détaillé des deux combats, Ces soldats, séparés de leur groupe par la furie de l'attaque, se sont trouvés, des deux côtés, privés de leur chef, sans officier pour les enlever. Leur éducation militaire n'a pu triompher de l'effet produit par l'apparition soudaine d'un danger redoutable : brusquement, la mort s'est dressée devant eux ; ils ont été l'homme primitif revenant aux armes primitives. Ils l'ont été durant une minute, le temps qu'une troupe apparût conduite par son chef et, se portant au secours d'un des partis, décidât l'autre à la fuite. Mais cette minute a existé, et cet exemple suffit pour démontrer l'erreur de la théorie de Tolstoï : Le soldat est tout dans le combat....
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