Elles, ce sont ces femmes de lettres, grandes dames ou simples bourgeoises, débutantes ou femmes du monde qui vécurent à la Renaissance, en pleine guerre anglo-flamande, au début ou à la fin du XIXe siècle. Elles fréquentérent qui les rois, qui les anarchistes, qui les monstres, qui les philosophes. Leur point commun n''est pas leur sexe, c''est le courage avec lequel elles s''élancèrent dans le vide - celui de la page blanche - pour découvrir en vol des espaces inconnus.Le portrait que Virginia Woolf consacre à chacune d''elles fait à chaque fois vibrer une sensibilité unique, précieuse, plus rare que ne furent jamais les diamants ou les hommes. Son livre n''est pourtant pas celui d''une militante. De salons en imprimeries, dans la paisible campagne de Madame de Sévigné ou parmi l''activité bouillonnante des sours Jewsbury, Virginia Woolf, si rarement à l''aise en société, ne construit pas un mausolée aux Grandes Dames. Parmi les figures éternelles du génie féminin, la plus drôle d''entre elles se choisit des amies, simplement.Le plus souvent, ces femmes de lettres dont parle Virginia Woolf sont éclipsées par leur père, par leur frère, par leur mari voire par leur créature : on connaît moins Sara Coleridge que Samuel Taylor, Dorothy Wordsworth que William, Lady Temple que Sir William, Mary Wollstonecraft que Frankenstein. Et pourtant.
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