Archées : ce titre désigne le tir à l’arc. Mais écrire, n’est-ce pas tirer des traits sur une cible blanche, mobile ? Ce roman "raconte" comment ces deux significations s’entrecoupent, se multiplient l’une l’autre. C’est ainsi que seront évoqués, tour à tour, la poésie courtoise, les tournois — ce qu’on pourrait appeler la guerre du désir ; et, parallèlement, ce qui constitue un texte : flèches, coupes, marques — le battement du sens. Cela pour ce qui est de l’"Occident" de la narration. Le tir à l’arc, la guerre du sexe et de l’écriture : sur un tel fond se détache aussi le rappel d’un art traditionnel du Japon auquel le bouddhisme Zen a donné sa portée. Soit une pratique dont la visée est de se placer en dehors du couple sujet/objet. Cela pour l’"Orient" du livre (le tracé, le vide). Depuis le blanc initial jusqu’à la suspension finale du texte, se produit un tressage d’inscriptions mouvementées, une accumulation dynamisée de l’instance littérale, qui entaille son espace propre et s’y évanouit. Ce passage est, du même coup, celui qui va de l’appui du désir à la perte de la jouissance, et, de nouveau, au désir. Du sens au non-sens, du non-sens au sens. Pour la représentation qui se construit dans ces pages, on aura intérêt à penser au travail d’Uccello sur la perspective. Pour suivre le texte dans ses allusions, on ne manquera pas de se souvenir, entre autres, de Dante ou de Mallarmé.
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