Le théâtre du XVIIIe siècle, derrière des apparences légères, se révèle très contestataire. Au nom de la liberté individuelle et de l’égale dignité de chacun, il dénonce sans relâche le pouvoir arbitraire, la soumission des filles et des femmes, l’autorité du père et celle du maître, l’argent roi. Il a été un instrument majeur de la diffusion des idées nouvelles qui ont entraîné la France entière dans un vaste élan révolutionnaire. Pour l’auteur, les philosophes n’ont fait que mettre en forme des idées qui étaient dans l’air du temps.
Car ce sont des milliers de pièces, sur des centaines de théâtres – à la foire, dans les châteaux, dans les salons, dans l’arrière-boutique de l’artisan –, qui ont propagé ces idées dans toute la société ; le théâtre a joué le rôle de la télévision aujourd’hui et le phénomène a duré un siècle.
Ce travail novateur est exemplaire de la convergence de plus en plus appréciée entre la réflexion en histoire, qui s’intéresse à la dimension politique des phénomènes culturels, et la recherche en littérature qui propose de nouvelles lectures, plus sociologiques et politiques des œuvres. L’auteure apporte de nombreux éléments au débat actuel sur les voies et modalités de conquête de la société d’Ancien Régime par les idées nouvelles. Sans le théâtre, qui sait si la Révolution eut rencontré d’emblée l’accueil favorable qu’elle reçut dans les premiers temps...
Marie Laurence Netter, chercheur au Centre de Recherches Historiques –EHESS/CNRS est historienne des XVIIIe et XIXe siècles. Après une thèse sur l’alphabétisation en France, elle s’est intéressée à la vie culturelle et politique et à la manière dont les deux pouvaient se croiser et entrer en résonnance avec des interrogations contemporaines.
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