Pratique multiséculaire se perdant dans la nuit des temps, l’excision consiste en l’ablation partielle ou totale du clitoris de la femme dans un contexte socialement déterminé. Louée ou blâmée, elle demeure une institution culturelle faisant partie intégrante du processus éducatif de la jeune fille. Elle est un facteur de son intégration au sein de certaines sociétés africaines. Sa téléologie repose sur une intentionnalité fondatrice et unificatrice : l’inscription de la jeune fille dans un contexte anthropologique et sociologique à travers un processus socio-éducatif au sein de la vie sociale. Ce mécanisme d’inscription passant par la douleur psycho-physique administrée, vise à la préparer à la vie sociale, sa vie de femme. À travers cette trace physique comme épreuve douloureuse de l’ablation, l’excision se veut l’instrument esthétique d’une écriture institutionnelle chargée de la métamorphose de la minorité en majorité, par le passage de la puberté de la jeune fille à son statut de femme. Pour ce faire, la jeune fille a besoin d’être vidée de son énergie primordiale et primaire par une pratique atrophiante, la mutilation du clitoris. Cela l’institue en objet d’une privation physique dont la finalité serait de lui permettre de se retenir sexuellement, de contenir sa libido. Ainsi, l’excision se poserait-elle comme une pratique éducative, permettant à la jeune fille de se conduire de façon éthiquement sexuelle au sein de la société, selon une logique violente, castratrice, privatrice et prédatrice où sa féminité confinée et traquée à un rôle strictement manager et maternel, doit être emmurée.
Less